°°°CREER SA VIE°°° régler un problème, soulager un symptôme, récupérer de l'énergie, lâcher du lest, s'émanciper d'une addiction, transformer le réseau d'influences, activer des ressources, choisir, se libérer, s'épanouir, ressentir, grandir, stimuler, se centrer, changer vers un mieux-vivre '''''CREER SON OEUVRE''''' ouvrir, inspirer, souffler, se laisser embarquer, improviser, écrire, dessiner, composer, danser, jouer, monter, construire, capter, oser, réaliser, proposer, partager, faire oeuvre ***CREER SON MONDE*** parcourir, explorer, plonger, planer, découvrir, étendre ses connaissances sensorielles, tester, examiner, prospecter, étudier par les sens, arpenter, jouer, expérimenter, modeler, moduler, inventer, augmenter, expanser…

Non classé

(pour les pro.) Pourquoi la régression en dissocié·e?

Le Cercle (The Ring), Gore Verbinski, 2002.

Regressions en associé·e/dissocié·e avec le Moi-adulte

En école d’hypnose, les régressions sont proposées soit en dissocié·e·e, soit en associé·e. Comme toustes les élèves, j’ai appris ces deux techniques.
Dans ma pratique, je me suis orientée progressivement, puis radicalement, vers la dissociation de la représentation antérieure avec le Moi-adulte.
.
La première raison est le « suffisamment confortable » et le « safer ». Se retrouver dans son aspect antérieur en confrontation avec une situation problématique peut faire très mal, voire provoquer un retrauma.
Cela m’est arrivé – en tant que sujet – en hypnose et en EMDR, avec des praticien·ne·s débutant·e·s autant que chevronné·e·s, lorsque je bossais sur des événements qui n’étaient pas encore bien intégrés (30 ans de thérapie, j’ai beaucoup baroudé). Je me souviens de cette psychiatre qui m’a fait revenir en tant que petite fille dans l’abattoir où j’assistais impuissante à la mort brutale des veaux dont j’avais pris soin. Je me souviens de cet élève de l’Arche, qui ne parvenait pas à me faire ressortir d’une situation où je regardais, pétrifiée, ma grand-mère cracher du sang dans l’évier. Je me souviens de multiples situations où je me suis prêtée à l’exercice qui foirait complètement (j’étais dans l’enfant, terrorisée, je ne pouvais pas « faire appel à un personnage de sécurité ou gérer la situation guidée par la voix qui m’accompagnait) et qui a demandé, à chaque fois, un sacré travail ultérieur pour traiter le retrauma.
Comme beaucoup de décisions de ma vie d’hypno, celle de garder mes accompagné·e·s dans leur adulte assistant l’enfant, plutôt que de se laisser aspirer par l’enfant en freeze (ou par ses monstres de défense) vient de ma propre expérience de sujet.
En tant qu’accompagnant·e, j’ai reçu pas mal de personnes me demandant avant de commencer, en panique, si on « allait faire ça », car iels-mêmes avaient connu ces situations ultraviolentes dans des sessions avec des collègues. Clairement, ça ne leur a pas été productif.
J’ai aussi pu constaté combien la consigne de rester dans son adulte aux côtés de l’enfant plutôt que de «se laisser glisser » dans l’enfant permettait d’aller en sécurité, sans émotion incontrôlable (sans « vriller ») dans la résolution de problématiques dures. Et d’avoir envie de continuer !
.
La seconde raison est d’entrainer la personne à ne pas régresser spontanément, à bien rester dans son adulte autant dans les séances que dans la vie quotidienne, ce qui lui permet une gestion responsable, sécurisante, éclairée des relations avec autrui ou avec des éléments contextuels.
A nouveau, en tant que sujet, je jubile d’avoir mis en place ce système : repérer quand une vrille apparaît (une réaction émotionnelle disproportionnée, une dissociation spontanée, un discours intérieur appartenant à une situation du passé projeté sur une situation actuelle…), revenir pleinement dans mon adulte, gérer la part antérieure qui tempête et noter dans mon carnet un nouveau sujet de travail en thérapie. C’est un process salvateur, équilibrant, qui est pour moi l’une des bases de la progression en DER (dynamiques émotionnelles et relationnelles, merci Cyrille Champagne d’avoir mis les mots dessus).
D’ailleurs, nombre d’accompagné·e·s me confient avoir l’impression d’avoir grandi (y compris physiquement, c’est une constante dans les effets), de s’être empuissancé·e·s et d’avoir gagné en sécurité, donc en paix et donc en partage juste avec leur entourage.
.
La troisième raison est la représentation que j’utilise comme fil conducteur de l’accompagnement. Qui est un choix (et non une vérité) : la représentation en système.
L’article « reprendre le lead de mon système », disponible sur mon site et sur ma page pro, explique la notion de capitaine·sse de son propre vaisseau, qui gère avec une douceur ferme les interactions intérieures, en accueillant toutes les parties, en les écoutant, en les aidant, mais aussi en gardant le lead.
.
Je ne dis pas qu’il ne faut jamais faire régresser en associé·e. J’admire le travail d’Evelyne Josse, par exemple, qui accompagne de cette manière avec un positionnement remarquable (et en prenant le temps de sécuriser). Mais avant d’atteindre ce niveau, combien d’accompagné·e·s un·e apprenti·e hypno ou EMDR va-t-iel envoyer dans des situations insoutenables ?
.
Les accompagnant·e·s utilisant l’hypnose et techniques associées sont malheureusement trop peu formé·e·s au travail avec les traumas. Et même dans le cas contraire (j’ai vécu une situation avec une psychiatre et deux autres avec des enseignant·e·s en variantes EMDR), il y a encore des accidents.
.
Prudence.
Pourquoi utiliser un outil qui peut se montrer regrettable alors que l’on obtient d’excellents résultats avec la régression en dissocié·e ?
Pourquoi les écoles enseignent-elles ces outils dangereux à des débutant·e·s ?
Pourquoi les dogmes basés sur la pratique d’accompagnant·e·s clairement exceptionnels (j’ai cité Evelyne, pensons aussi à… Erickson) sont-ils repris par des milliers de novices ?
.
Notre responsabilité, en tant qu’accompagnant·e·s, c’est aussi d’assurer le confort minimum et surtout la sécurité des personnes qui nous font suffisamment confiance pour voyager dans un paysage intérieur peuplé de représentations au moins problématiques, sinon terrorisantes.
.
Marie Lisel

Image: Le Cercle (The Ring), Gore Verbinski, 2002.