Libérer la créativité par la modélisation?
La créativité de l’accompagnant.e dans ses outils et dans le rapport avec l’accompagné.e participe pleinement au travail, à condition de rester entièrement centré.e sur l’autre, ses besoins, ressentis, représentations… et non de créer un spectacle auto-centré.
L’hypnose et le rêve éveillé libèrent la créativité de l’accompagné.e pour lui permettre de transformer et de réorganiser ses représentations et processus de façon inédite.
Or, bien des accompagnant.e.s travaillent en modifiant à peine des protocoles (un protocole est un travail rédigé ou pensé en étapes, imaginé par des thérapeutes ou des écoles), tout en copiant le ton, le regard, les tics de langages de leurs modèles. Et ça fonctionne déjà – en partie – (c’est le côté magique de l’hypnose!).
En dehors de cette technique verbale basée sur des modèles plus ou moins bien imités, qu’en est-il de la modélisation de la créativité? Autrement dit, comment proposer un élan vers l’inventivité, quand on se cantonne soi-même à travailler de façon scolaire?
Pour libérer et amplifier la créativité de la personne que l’on reçoit ne faudrait-il pas en avoir au moins un échantillon dans son cabinet?
La base: l’hypnose post-éricksonienne et le rêve éveillé
L’hypnose post-éricksonienne et le REAH font partie des méthodes qui permettent de transformer la subjectivité en passant par un état modifié de conscience, de mettre en mouvement les représentations intérieures, de transformer la façon de s’envisager soi, avec les autres, dans le monde… ils prônent la transformation du sujet, l’invention des possibles, l’utilisation inouïe des ressources et des solutions internes.
La boite à outil des hypnos et accompagnants de rêve éveillé est vaste. De nombreux chercheurs – théoriciens et de terrains – ouvrent sans cesse des pistes innovantes pour approfondir les connaissances.
Mais comment rendre la pratique en cabinet (ou en forêt! en atelier!) plus créative tout en respectant le monde de l’accompagné.e?
Créativité par la contributions d’autres champs
aux séances d’hypnose éricksonienne et de rêve éveillé
J’emprunte la définition de l’hypnopraticien.ne.e à Lygia Clark, qui définissait l’artiste «comme un propositeur de conditions qui permettent au récepteur de se laisser embarquer dans le démontage des formes – y compris les siennes propres – en faveur de nouvelles compositions de flux».
Les arts contemporains (je suis moins immergée dans les arts anciens) sont très proches du travail hypnotique. Ils sont dès lors les premiers à enrichir ma palette créative. D’emblée j’ajoute à cela le monde queer (comment s’inventer?), les rituels et la connexion animale. Et d’autres, tours à tours, s’ajoutent à la liste.
Finalement, de nombreux domaines entrent dans mes « compositions de flux » en séance et permettent à la créativité de s’épanouir naturellement. Pour être créatif.ve, il suffit de travailler avec ce que l’on est et d’enrichir ce que l’on est quotidiennement.
A chaque accompagnant.e ses domaines! La liste est loin d’être exhaustive…
- Littérature
- Voix, chant, sons
- Espace transitionnel
- Prescription de tâche à la façon des thérapies brèves et aussi à la façon psycho-magique
- Néo-chamanisme
- Energétique
- Danse
- Yoga, méditation
- Art contemporain
- Médiation animale
- Rêve éveillé dirigé et rêve lucide
- Cours d’hypnologie de l’Arche (depuis 3 ans)
- Tantra
- Anthropologie, sociologie
- Sciences
- Explorations sensorielles (comme la synesthésie)
- Psychanalyse
- Réalités virtuelles
- Univers queer
- Méthodes pédagogiques
- Linguistique
- PNL…
Ces champs d’investigation s’intègrent à la pratique hypnotique de façon diverse et variée, pour créer des leviers de créativité dans la traversée de l’accompagné.e (« comment réagir autrement, changer de pattern, créer sa vie? »)
- L’allusion métaphorique spécifique recadre
- Le travail avec les objets transitionnels approfondit et autonomise
- L’intervention des chevaux révèle
- Les prescriptions de tâches prolongent
- La voix (chant-cri-râle) induit, emmène, trace un fil
- Les odeurs, la respiration, le mouvement entreprennent le travail par le corps.
- L’analyse narratologique de Gérard Genette éclaire les multidissociations et les niveaux de récits.
- Le REAH nettoie, nourrit, libère incroyablement, en douceur.
- …
La créativité grâce à d’autres champs augmente aussi la pratique de l’accompagnant.e.
- Donne de la souplesse, de la vie, du jeu à son accompagnement
- Privilégie la liberté et l’autonomie de l’accompagné.e
- Augmente sa motivation par l’intégration de la matière hypnotique dans le quotidien (du jeu, du sens, des liens!)
- Invite, par l’exemple créatif, l’accompagné.e à inventer ses propres outils d’émancipation.
Utiliser sa créativité au service de la transformation de la personne que l’on accompagne est quasiment un outil en soi.
Il demande de l’entrainement (nourrir ses rebonds), une mise en place des processus et territoires par l’hypnose et le rêve (utiliser ses propres outils sur soi et en jouer), de la confiance en l’autre (qui va trouver en iel ses solutions) et surtout un positionnement propre et bien ancré.
Voilà un joli programme, que je commence tout juste à transmettre en formation!
🙂
© Marie Lisel