Image: Wolfgang Laib, “Pollen From Hazelnut”, au MoMA
Je pratique l’hypnose, seule ou en séance individuelle, dans des lieux d’art contemporain, à la rencontre des œuvres ou tout simplement entourée d’elles, qu’elles soient peintures, dessins, sculptures, photographies, installations…
Pour moi l’hypnose et l’art se marient à bien des niveaux. Je développe d’autres niveaux dans d’autres articles, pour me consacrer ici à la question du lieu entièrement dévolu à l’art, qui consacre dès lors « l’étrangeté », inquiétante ou non et ne la dérange qu’extrêmement rarement.
UN LIEU QUI POSE QUESTION
Le public qui se balade dans ces lieux se pose généralement au moins une fois la question du banc (œuvre ou siège ?), du (dés)humidificateur (œuvre ou humidificateur ?), de l’étudiant des Beaux-arts looké qui dessine dans une position particulière (performance ou exercice scolaire ?), de l’abeille posée sur le mur (œuvre ou insecte rentré par la fenêtre ?) et avance avec prudence et respect (voire crainte), de prendre une abeille pour une œuvre… ou d’interrompre des performers. Imaginez donc qu’une femme assise ou debout, les yeux ouverts ou fermés, une main en l’air, oscillant légèrement, pendant plus d’un quart-d’heure face à une œuvre ou sur un siège au milieu d’une salle, pourrait être une de ces performeuses qu’il serait insensé de perturber. Le musée ou le centre d’art sont des lieux où je me sens chez moi et où l’on ne me dérange que très rarement. A deux, lorsque je donne une séance, la scène est sensiblement la même. Tino Seghal m’a rendu un sacré service !
L’oeuvre pose question. L’état hypnotique aussi. L’œuvre appelle à un autre regard. L’état hypnotique aussi. L’œuvre ouvre d’autres possibles… alors imaginez les deux réunis!
OSER CHERCHER CE QU’IL Y A A VOIR
Je relève aussi, si je prends l’exemple d’une exposition dans une institution importante (qui accueille entre autres le grand public), que le simple fait de de m’observer (ou de nous observer lorsque je pratique sur quelqu’un) en transe douce, face à l’intérieur d’une coupole d’Anish Kapoor, à un grand tableau bleu d’Yves Klein, au flou d’un Richter, à un mobile de Calder… non seulement pose question (discrètement, sans passage à l’acte), mais aussi permet à certains d’approcher l’oeuvre autrement, d’une façon qu’ils n’auraient sans doute pas envisagée sans la permission que leur donne le fait d’observer la façon de faire de quelqu’un qui a l’air à l’aise, ce faisant. Lorsque je m’éloigne, je remarque souvent qu’une personne s’est placée exactement à la place que je quitte, « pour voir ».
Car il y a à voir, dans l’œuvre bien sûr mais aussi hors d’elle, à l’intérieur de soi, avec le monde comme miroir.
Il suffit d’oser 🙂
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© Marie Lisel