Mon autre, mon inconscient, mon moi profond, mon intelligence intérieure, mon co-pilote, mon alter ego, mon bon génie, mon ange gardien, mon guide, mon intuition, ma bienveillance profonde, mon grand Moi, mon subconscient… nombreuses sont les façons de nommer l’archétype de cette partie de nous qui nous dépasse et qui ne correspond pas, en hypnose, à l’inconscient freudien, même si le mot « inconscient » est encore souvent utilisé dans les textes et en séance.
De façon quotidienne, nous pouvons nous rendre compte de l’existence de « ce qui agit en nous » lorsqu’un ami nous trouve (hé, tu fais ton...) « en phase de » prise de tête, fête, soignant prêt à aider la terre entière, bête enragée, enfant blessé, gosse malicieux, vieux ronchon… ou tout simplement lorsque nous circulons en pensant à autre chose pendant qu’une partie de nous guide notre véhicule à bon port. Sans compter les « c' »est plus fort que moi! je ne me reconnais pas… je ne sais pas « ce qui » m’a pris… je veux que « ça » s’arrête et autres réflexions témoins de notre pluralité interne. Ces facettes de nous-mêmes, plus ou moins connues, plus ou moins acceptées ou étouffées, plus ou moins gérées, plus ou moins mises en avant, plus ou moins discrètes… forment ce que l’on peut considérer comme étant « moi ».
Dans les voyages hypnotiques, ce qui « agit en moi » est souvent présent sous une forme sensible (personnage archétypale ou élément allégorique) ou sous la forme d’un mouvement (au fur et à mesure que la partie qui… intègre… la main voyage et se posera là à l’endroit juste pour... Parfois, c’est plus épique… j’ai déjà papoté avec des gargouillis d’estomac très clairs dans leurs oui/non/je ne sais pas 🙂 )
Il est possible d’appeler, d’observer, d’interagir avec « ce qui agit en moi ». Pour cela, il revient à chacun d’inventer ou, mieux encore, d’entendre le(s) nom(s) qui semble juste(s), en écoutant comment iel(s) désire(nt) être appelé(s).
Personnellement, j’appelle l’archétype de ma partie unifiée « Mon autre », parfois « Mon amour » ou par un simple « Hey, toi! » complice, lorsqu’il se présente comme unifié et coopératif. L’image qui correspondrait le mieux à Mon autre – et c’est totalement subjectif – est un nuage d’étourneaux au moment des grands rassemblements, que l’on peut percevoir comme un tout ou bien comme un ensemble formé d’une multiplicité d’entités, autonomes et en même temps reliées par une même énergie, d’où parfois un nuage plus petit s’échappe pour virevolter autrement, pour un temps, puis tout se transforme encore…
Lorsqu’un dividu (représentation subjective d’une partie de moi) émerge, alors je précise à quel membre je m’adresse, avec le ton qui correspond à la relation que j’ai établie avec iel.
La représentation d’une partie ou les représentations de plusieurs parties (comme les animaux guides en chamanisme ou dans des thérapie de S Gallegos) devien(nen)t avec le temps de plus en plus précise(s), au fur et à mesure que l’on la/les connait de plus en plus intimement et que l’on a l’habitude d’interagir avec elle(s).
Pour moi, il est primordial d’apprendre à le/les connaitre, de lui/leur parler avec clarté, respect, complicité, tendresse et fermeté. En plus, bien entendu, de l’/les écouter attentivement, de les mettre en condition de collaborer entre iels et de leur faire confiance!
L’hypnose permet d’entrer en contact avec la partie profonde et ses dividus (qui portent d’autres noms dans d’autres pratiques, comme dans la thérapie « Ego State ». Moi j’aime bien « dividu »).
Dans mes séances, la communication se fait (au moins) à trois, entre le conscient (ce qui « se rend compte de »), la/les partie(s) profonde(s) et la praticienne. Ainsi, la/les parties profondes et le conscient sont – ensemble et chacun à leurs manières – acteurs du changement et apprennent à communiquer entre eux, à collaborer, à s’entraider, à se laisser de l’espace, pour davantage de fluidité, de joie et de liberté. Parfois, les négociations entre parties sont tellement « réconciliantes » qu’une partie, appelée d’un nom péjoratif jusque-là, demande à changer de nom. Je demande alors au reste de l’assemblée d’accueillir chacun à son tour cette transformation, en souhaitant la bienvenue à ce(tte) renommé(e) de façon personnelle et positive. L’amour irradie carrément le cabinet dans ce genre de moments!
Grâce à cette communication, il est possible de créer du mieux-être mais aussi des oeuvres. Gérer des conflits intérieurs (désir de changer de vie et besoin de sécurité, envie de sortir et envie de se reposer, amour de son conjoint et instinct de chasse…par exemple), demander si telle intention ou situation est bonne pour soi à ce moment et donc de faire de meilleurs choix, apporter des solutions à un blocage, inventer un nouveau comportement plus positif pour remplacer celui dont on désire se séparer (fumer, se goinfrer, trembler devant une assemblée…), revisiter une scène pour la revivre positivement, de mettre en place une vigie efficace pour protéger le conscient quand il se laisse-aller, chantonner une mélodie inédite correspondant à une sensation (comme la mélodie de la fluidité), laisser le sable en moi dessiner sur une feuille sans volonté consciente, me faire raconter une histoire par les étoiles…
Il suffit d’oser 🙂
© Marie Lisel
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