*** LECTURE D’ADOLESCENCE ***
En mettant mes livres dans les cartons lors du déménagement de septembre 2023, une émotion forte: j’ouvre « Les mots pour le dire », de Marie Cardinal, un texte que j’ai lu tellement de fois quand j’étais adolescente, ne comprenant pas pourquoi certains passages me submergeaient d’émotions, pourquoi aussi ces mots-là me donnaient de l’espoir (flou mais bien là!), pourquoi j’y revenais encore et encore, à chaque passage encore plus chaotique, encore plus enfoncé dans la peur de la folie, dans mes syndromes post traumas tout simplement ignorés (Ardenne, années 80, voilà).
Ma psychanalyse, je ne l’ai débutée qu’à 25 ans, après avoir quitté la campagne à 18 ans et rencontré des thérapeutes plus horribles les un.e.s que les autres, « en ville ».
J’ai eu l’honneur et la chance d’avoir croisé la route d’Arlette, la première à me croire et à m’accompagner sainement, respectueusement et… inclusivement (lesbienne dans un milieu hyperpatriarcal, elle était plus que concernée par les oppressions systémiques, je ne l’ai appris que par hasard).
Proche de la retraite, neuropsychiatre et aussi psychanalyste freudienne orthodoxe, elle a écouté mes mots pour le dire, elle a cru en ma rage de m’en sortir, elle m’a accompagnée durant 7 ans dans mes premiers pas vers la liberté.
35 ans après mes lectures répétées, 9 déménagements plus tard, le livre est toujours avec moi.
(et en écrivant ce post, je me dis qu’une carte postale – ou un rituel – pour Arlette serait sympa, je l’imagine à 80-90 ans… sans doute dans la même maison si elle a vécu jusque là).
Ma route a été longue. De nombreuses thérapies se sont succédées. Et ça continue encore.
Je suis vivante.
J’aime qui je suis.
Et je chéris cette empathie pour les plus vulnérables.
L’inclusivité n’est pas une option.
Les violences thérapeutiques peuvent tuer.
Voilà… tu en sais un peu plus sur l’énergie qui m’anime quand je relève une « » »maladresse » » » ou une blague (patriar)caca(le).
Sourire
