Connaissance, collègue, cousin.e, voisin.e, collaborateur.isse, partenaire, élève, professeur.e… en séance?
De nombreux.ses accompagné.e.s sont des personnes de mon entourage, collègues, ami·e·s d’amis ou ami·e·s FB, potes…, en tout cas de milieux dont je fais partie (art contemporain, arts de la scène, radio, sons expérimentaux, éthologie, hypnose, féminisme, queer, sexpo, SPF, etc).
Je peux me donc me retrouver à table, en vernissage, en conférence, en jam de danse contact et même en soirée avec des personnes que je reçois pour un accompagnement dans un espace-temps cadré.
Ce n’est pas un souci. En effet,
- je respecte le secret professionnel et autres codes déontologiques
- j’ai un positionnement particulier en séance, inscrit dans un cadre clair et amovible (le temps de la séance est séparé du temps de vernissage, concert, danse, cours, conférences…), nous nous plaçons dans un cadre provisoire le temps du travail.
- je pratique l’accompagnement par hypnose éricksonienne et le co-pilotage du rêve éveillé (pratiques très éloignées de la psychanalyse), dans lesquelles le transfert/contre-transfert n’est pas un levier. En séance, je repère le transfert et le contre-transfert de façon à ne pas les laisser agir de façon sauvage. En revanche je ne m’en sers pas dans les processus de travail.
Evidemment, il y a des conditions,
- je ne fais pas partie du problème (objectif-intention de séance qui ne me concerne pas)
- la personne que j’accompagne ne fait pas partie de mon cercle d’intimes(oui pour des séances ponctuelles ludiques en privé / non pour un accompagnement en cabinet)
- il n’y a pas de confusion entre les espaces-temps de séance et hors séance
- il n’y a pas d’autre enjeu entre l’accompagnante et l’accompagné·e que le travail hypnotique, tout au long de l’accompagnement (warning: collaboration artistique, possibilité d’une relation poly, partenaire d’acroyoga…)
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DETAILS DES CONDITIONS
La condition première est que je ne fasse pas partie du problème ou de l’exploration, pour ne pas être impactée personnellement, ce qui pourrait rendre compliqué (et éreintant) mon alignement. Par exemple, je ne pourrais accompagner ma cousine sur un travail abordant la famille, car cela risquerait de m’énerver ou de m’attrister ou de me surprendre ou de me remplir d’une joie immense au point d’ébranler mon positionnement d’accompagnante. Idem avec l’accompagnement d’une personne désirant travailler sur le deuil de quelqu’un.e que je connaissais bien. Idem avec l’accompagnement d’une personne avec laquelle je collabore désirant travailler sur son rapport au pouvoir. Idem avec une personne en relation poly avec l’une de mes relations. De la même façon, je réoriente chez un.e collègue les personnes que je ne connais pas (client.e lambda) mais qui m’impactent trop, c’est à dire qui me demandent trop d’effort pour rester en axe vertical juste et souple. C’est rare mais ça arrive (masculinistes et déterreurs de blaireaux, passez donc votre chemin!).
La deuxième condition découle de la première. Plus on est proche, plus c’est compliqué de ne pas faire partie des processus. Donc je renseigne des collègues aux personnes qui font partie de mes cercles proches. Si notre degré de proximité est flou pour vous, posez-moi simplement la question.
La troisième condition est que la personne qui me demande un accompagnement puisse faire la part des choses entre les temps d’accompagnements et le reste du temps, lorsque l’on est amené.e.s à se croiser ou à se côtoyer en groupe/en public. Je peux éventuellement parler d’hypnose mais je ne bosse pas sur un cas particulier quand je vais voir une pièce de théâtre ou une expo ou un site naturel ou quand je me rends à un diner ou à un cours de danse… Pour clarifier cela, la plupart du temps (pas toujours!, ça dépend du potentiel de l’accompagné.e à conscientiser et de son habitude à gérer cela), je ne côtoie plus – volontairement – en tête à tête au sein du groupe/en public, la personne qui vient en séance, le temps de son travail avec moi. On évite donc les interactions à deux, mais on peut être ok pour de la sociabilité sympa. Quand le travail hypnotique est terminé, nous faisons une séance de clôture, nous décidons ensemble d’un « sas » de quelques semaines à quelques mois, après lequel nous sommes libres d’interagir ou non… Sinon, le risque de confusion, de projection, de transfert sauvage, de dépendance affective est là.
La quatrième condition est qu’il n’y ait pas d’enjeu entre la personne qui me demande un accompagnement et moi. Pour une collaboration artistique, pour un partenariat en laboratoire d’exploration… pour autre chose qui pourrait « peser dans la balance », il faut attendre la fin de l’accompagnement et aussi la fin de la période sas. Ou choisir de ne pas commencer d’accompagnement (j’ai plein de chouettes collègues!).
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Si ces quatre conditions sont remplies et qu’il n’y a pas de contre-indication à l’hypnose, bienvenue.
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Dans certains cas, avec des personnes qui ont beaucoup bossé sur leur système et leur positionnement (comme des collègues par exemple), ces précautions peuvent être ajustées/personnalisées dans un espace méta commun. C’est une base de cadre de travail. Ce n’est pas une règle immuable.
Image: la timidité des cimes (Buenos Aires)
Et si on ne se connaissait pas avant?
Si vous êtes en accompagnement avec moi sans me connaitre dehors et que l’on se croise par hasard dans une soirée, une jam… c’est le même principe:
->sociabilité fluide, small talk tranquille
->pas de conversation ni d’interaction à deux
->distance et discrétion bienveillante
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SECRET PROFESSIONNEL
Je suis soumise au secret professionnel et j’y suis très attentive.
Si l’on se voit dans d’autres circonstances que votre séance, vous êtes libre de parler d’hypnose ou de ne pas aborder le sujet. Moi, je suis bouche cousue sur votre cheminement, sauf si vous-même m’invitez clairement à en parler (et que j’en ai envie).
Et il est évident que je ne parle pas de votre parcours hypnotique avec une connaissance commune.
A chacun.e le choix de son intimité.
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BULLE INTIME
De la même façon, en tant que créateur.trice de votre vie#oeuvre#monde, vous êtes libre de me proposer ou non une invitation à voir votre travail.
Certain.e.s passent tranquillement de la séance à la scène ou au vernissage, alors que d’autres préfèrent cloisonner le temps du travail hypnotique.
C’est un choix que vous gérez librement.
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POSITIONNEMENT
Quand je vous accompagne en séance, Marie en tant que personne qui a des avis (parfois tranchés) sur le monde se met en veilleuse (sans s’éteindre complètement), pour être avec vous dans votre monde, en immersion, dans l’accueil de vos représentations.
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CADRE
Le cadre (temps – lieu – rituel) est important pour bien séparer le voyage des autres moments où nous sommes ensemble, si nous sommes amenés à nous côtoyer.
Sans cela, comme j’échange des séance avec des collègues et que je reçois des personnes faisant partie de ma sociabilité, je me verrais forcée de rester en position d’accompagnante sans arrêt, même hors séance (car l’inverse est absurde: donner une séance en tant que personne sans alignement d’accompagnante est impensable).
Ne vous étonnez donc pas si je propose des changements de lieux, par exemple, si une séance est suivie d’une discussion hors séance dans un autre lieu ou avec un changement d’ambiance.
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USAGE
Enfin, il est d’usage d’échanger des séances entre hypnos qui se connaissent et se côtoient et beaucoup accompagnent aussi des connaissances.
L’hypnose éricksonienne demande un positionnement particulier du/de la praticien.ne. Mais elle ne demande pas à ce que la personne de l’accompagnant.e soit une surface de projection. On peut se connaitre dans la « vraie vie ».
Le truc de « on se connait donc je ne peux pas » n’est donc pas d’usage dans l’hypnose éricksonienne, ni dans le rêve éveillé.
A chaque praticien.ne de placer son cadre, selon son champ socio-culturel, ses croyances et ses pratiques.
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Bienvenue en séance si les conditions sont au vert!
Marie Lisel