°°°CREER SA VIE°°° régler un problème, soulager un symptôme, récupérer de l'énergie, lâcher du lest, s'émanciper d'une addiction, transformer le réseau d'influences, activer des ressources, choisir, se libérer, s'épanouir, ressentir, grandir, stimuler, se centrer, changer vers un mieux-vivre '''''CREER SON OEUVRE''''' ouvrir, inspirer, souffler, se laisser embarquer, improviser, écrire, dessiner, composer, danser, jouer, monter, construire, capter, oser, réaliser, proposer, partager, faire oeuvre ***CREER SON MONDE*** parcourir, explorer, plonger, planer, découvrir, étendre ses connaissances sensorielles, tester, examiner, prospecter, étudier par les sens, arpenter, jouer, expérimenter, modeler, moduler, inventer, augmenter, expanser…

Prescription de tâches

Auto-prescription de tâche: axe terre-ciel avec les pieds dans l'eau et respirer, pour "laisser couler" (la Semois était froide au printemps!)

Pourquoi?

Les prescriptions de tâche post-hypnotiques sont célèbres, notamment grâce à Milton Erickson. L’hypnose n’est pas la seule à l’utiliser, parmi les différents « hypnotiques » (techniques permettant de transformer la subjectivité). Les exemples en tarot de Jodorowsky sont d’ailleurs célèbres.

Il existe de nombreuses pages et des ouvrages expliquant comment et pourquoi utiliser des prescriptions de tâche selon des axes divers et variés. Je vous renvoie pour cela à l’article de ma collègue Céline Spreux. C’est un domaine vaste que de nombreux courants explorent chacun à leur manière. Par exemple, certain.e.s spécialistes utilisent de façon probante des prescriptions de tâches visant à aggraver le symptôme.

Pour ma part, je donne parfois des tâches d’observation, de recadrage (envisager une situation autrement, avec un sens nouveau et une émotion différente) et de transformation des comportements habituels, typiques des thérapies brèves, mais cela se fait la plupart du temps avant les séances, comme vous pouvez le lire dans mon article sur les compulsions. Cependant, je laisse le contrat de la tâche se conclure entre la personne et ses parties intérieures. Je ne signe aucun accord. Au-to-no-mi-e!

Dans les prescriptions de tâche qui prolongent les séances, j’accorde  la priorité à la continuation du travail en cours (refaire seul.e une partie de la séance, en autohypnose), à l’intégration des ressources et des autorecadrages rêvés, à la connexion au corps, au passage de l’imaginal au réel partagé, à l’action, au soin-accueil-amour de soi, concrètement… tout simplement parce que ce sont les priorités que demandent les différentes facettes intérieures des personnes qui viennent me voir et que je ne suis qu’une accompagnante, qui cherche à parler le langage de chaque personne que j’accompagne dans son rêve à la découverte de ses essentiels.

Comment?

Lors de mes formations de base et formations continuées en hypnose, j’ai reçu des prescriptions de tâche en tant que sujet de séance. Je ne les ai pas réalisées. Cela m’a posé question car, dans chaque cas, mon objectif me tenait à cœur et la PDT était présentée comme un moyen d’y parvenir.

Alors pourquoi ? Parce qu’elle était inventée de toutes pièces par mon accompagnant.e et présentée comme un devoir obligatoire, avec plus ou moins de délicatesse, de défi, voire d’autorité et que je n’en « ressentais » pas le sens.

J’ai la conviction que la personne «en référence interne» (c’est à dire qui a besoin de décider de ses choix par elle-même, voire qui refuse ce qui ne vient pas d’elle), qui repart avec une tâche donnée non pas par un tiers mais bien par une ou des parties d’elle-même, aura bien plus d’enthousiasme et de ténacité à réaliser cette tâche que si elle reçoit une prescription extérieure sortie du chapeau de l’accompagnant.e, même adoucie par un « yes set« .

Quant aux personnes qui accepteraient n’importe quelle tâche de référent.e.s qui font autorité (professeur.e, thérapeute, spécialiste…), et que nous appelons en jargon «en références externes», c’est un bel apprentissage que de leur faire  ajuster et valider à l’intérieur (par les dividus ou les organes du corps…) ce qui vient de l’extérieur, même si une prescription classique pourrait passer facilement. Sans compter qu’une prescription extérieure pourrait renforcer – encore – le côté influençable de la personne, ce qui nuirait à son autonomie.

De toute façon, quelle que soit la méthode employée par un hypno, il est important qu’elle soit alignée avec ses croyances profondes. Car la croyance et l’alignement sont des fondements de notre boulot. Il s’agit de cohérence, d’axe vertical (terre-ciel), d’ancrage… et chaque accompagnant.e a un univers qui lui est propre, tout en se synchronisant avec celui des personnes qu’iel accompagne. A chacun.e ses processus, dans la vie comme en thérapie. Autant d’hypnos, autant d’hypnoses!

Pour ma part, mes convictions penchent plutôt du côté de l’apprentissage de l’autonomie, de la liberté par rapport aux contraintes extérieures et intérieures (choisir ses contraintes et ses croyances et ajuster sans cesse), de la construction de la confiance en soi, de l’auto-ressourcement, de la créativité (trouver en soi ses propres solutions, créer sa vie) et de la connexion (quelque chose comme: « être soi en accord avec ses propres essentiels,  être « en vie » et « en mouvement », faire partie de la vie, du grand tout, en lien, dans le respect et à sa juste place mouvante »… argh! c’est complexe à définir… je vais penser à un nouvel article!).

Dans mes propres séances, je joue dès lors avec l’univers de mes accompagné.e.s pour réclamer aux dividus des tâches qui leur font du bien ou pour en inventer sur mesure, dans une matière tirée du rêve, qui semble couler de source. Et je prends le temps d’affiner et d’ajuster chaque tâche en négociations de parties, sans tenir mordicus à ma proposition mais plutôt en cherchant « tou.te.s ensemble » ce qui serait le plus profitable à l’accompagné.e. et aux parties plus ou moins « conscientes ». Et puis le contrat se signe avec soi-même. Pas avec moi. Je ne suis que la médiatrice.

La créativité de l’accompagnant.e, c’est aussi proposer d’utilisation de ce qui est déjà là (puis de laisser l’accompagné.e ajuster, décider, disposer). Un exemple: ma cliente en arrivant se pique à l’insuline car elle a mangé un biscuit avec son thé. En la regardant faire, j’imagine un ancrage car elle fait cela souvent et machinalement, sans affect (ça fait partie de la vie). Je lui glisse l’idée en précisant que nous verrons bien ce que son monde intérieur en dira. A la fin de la séance, ses dividus donnent chacun des tâches. Et l’un rappelle l’ancrage associé à la piqûre. le conseil décide de ce qu’il est préférable d’ancrer: tranquillité et joie. Le conscient est ok. Nous réalisons l’ancrage avant le réveil.

Attestation INSEE 2

Dessin témoignage de l’atelier « sorcière queer »

Par qui?

Que ce soit en hypnose ou en REAH, l’accompagné.e est en contact avec différentes parties: dividus qui représentent des parties d’iel-même ou des membres de son entourage introjectés, comme le censeur qui répète « tu n’y arriveras pas, tu es ridicule, ça ne sert à rien d’essayer » ou l’oncle rebelle à la famille traditionnelle qui éveille d’autres possibles, ou des parties de paysage (volcan, arbre, cascade..), ou des parties du corps…

En hypnose, nous pouvons demander aux pieds de quoi ils ont besoin dans les jours et les semaines prochaines pour continuer à s’ancrer, par exemple. Ou le cœur peut demander un hug par jour ou… de se mettre au karaté. Ou ce qui serre et déserre la gorge peut réclamer de chantonner sous la douche, de secouer tout le corps ou d’arrêter le sucre. Parfois, les tâches sont clairement rationnelles. Parfois, leur logique est bien présente mais nous ne la percevons pas. Et c’est très bien comme ça!

En REAH, le dragon, l’enfant, le monstre apprivoisé, le cousin décédé, le lac, la sorcière, l’arbre, la partie créative… peuvent tou.te.s donner des tâches ciblées, surprenantes de subtilité et parfois d’humour. J’en suis souvent émue.

Et lorsque les parties restent silencieuses, je lance des pistes et attends de voir (ce) qui réagit et comment, pour ajuster, ciseler la tâche qui réunira l’ensemble du « je » dans l’amour et la solidarité. Car dans ma représentation, l’accompagné.e est une équipe qu’iel vient pour coordonner. Souvent, on se marre pas mal autour de mes propositions (saluées ou rejetées ou transformées). L’accompagné.e, moi et « les parties profondes » travaillons ensemble, dans la bonne humeur, jusqu’à ce que la tâche précise fasse l’objet d’un contrat interne.

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Des exemples

Quelques exemples en vrac de tâches données par une ou des parties de l’imaginal: danser même seul.e chez soi / regarder un.e inconnu.e dans les yeux chaque jour / marcher à pieds nus sur le gazon / mettre une robe de princesse pour une soirée / nager en apnée / chanter / planter des graines de fleurs dans la ville / choisir un beau caillou, le garder le temps de le charger de tout ce qui est à laisser derrière, puis lui choisir un bel endroit, faire un rituel et le laisser / suivre un insecte dans la nature aussi loin que possible / écrire un poème ou une chanson pour un dividu et la lui chanter tous les matins / introduire une couleur particulière dans l’habitation / introduire « je n’en ai rien à faire, je trace » dans une conversation au travail / introduire des mots incongrus dans des conversations / acheter des bâtons de marches pour ancrer 4 pieds / dire le nom d’un ami décédé quand la panique arrive et caresser la main gauche de la main droite / se faire un bisou à soi-même (pour éviter de céder à la compulsion) / faire pipi dans une rivière / trier le garage, jeter-donner-ranger / aller rechercher une boite de souvenir chez une parente / déposer 3 oeufs dans la forêt / acheter une pierre de dragon (ou de lune ou oeil du tigre ou…) / chanter pour les pieds et pour le cœur, en laissant les paroles couler-rimer n’importe comment, et sourire / prendre la douche quotidienne avec un rituel de nettoyage intérieur / écouter une ritournelle tous les jours (sonnerie du réveil : « il en faut peu pour être heureux ») / dessiner l’imaginal rencontré / masser avec gestes doux et mots tendres une zone du corps / se rouler dans l’herbe et faire des galipettes / appeler un parent fui depuis des années / se faire des compliments en se regardant dans la glace / demander gentiment au censeur de transformer la suggestion négative en encouragement et lui laisser le temps d’y arriver / adopter un chat / lâcher une plume du haut d’un pont et l’observer / rouler les cloppes de l’autre main / ranger la cloppe roulée dans un étui et le refermer, ne la fumer que plus tard, si vraiment c’est criant / écrire et dessiner sans réfléchir sur une grande feuille en papier reyclé, puis une boulette, à enterrer ou noyer ou brûler / demander la permission de faire un bug à chaque personne amie ou connaissance bienveillante / porter un objet en poche ou au poignet, pour se souvenir d’une ressource (comme autrefois on faisait un noeud dans son mouchoir) / exercer son intuition en laissant le corps donner la direction à prendre (bascule avant-arrière, oui/non de la main) / inspirer profondément et insuffler de la tranquillité et de la douce joie (le choix de ce qui est insufflé est fait par le conscient et les dividus) en expirant en même temps que la piqûre que l’on se fait plusieurs fois par jour en tant que diabétique / …

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Stage au centre Imala, séquence « écouter son intuition pour diriger l’attention et l’action »

Un témoignage sur les PT

Lors de mes voyages hypnotiques guidés par Marie, différentes tâches m’ont été «prescrites» pour ancrer l’objectif de la séance.  Ces injonctions variées me permettent de continuer le travail commencé et d’en ressentir les bienfaits au quotidien.  Souvent, elles sont émises par un guide.  Parfois par Marie.

Lors de la première hypnose, mon guide cacatoès m’a ordonné de peindre. Tâche facile à réaliser car je peins depuis 2 ans. Je me suis donc réinscrite à un atelier pour être sûre de me dégager du temps et évoluer dans ce domaine.  Marie m’a aussi suggéré de représenter les guides rencontrés.  A ce jour, le tableau est commencé mais loin d’être achevé!

A la deuxième séance, j’ai rencontré une fillette que j’ai accompagné dans l’eau. Métamorphosée en sirène, elle a demandé à ce que je lui rende régulièrement visite pour jouer avec elle ou la regarder jouer. J’accède donc à sa demande lors des petits voyages hypnotiques que je réalise chez moi.

Une autre requête a été faite par quelques guides : continuer à pratiquer l’autohypnose. J’applique cela au quotidien. Minimum une fois par jour juste avant de m’endormir.  J’y rejoins deux ou trois guides, souvent les mêmes, qui m’accompagnent durant la phase d’endormissement.  Depuis la mise en place de ce petit rituel, mes insomnies sont moins présentes.

Dans le but de continuer à me ressentir en tant que « moi », une des tâches post-hypnoses a été de continuer à inspirer la lumière et la solidité à travers le 3e oeil et de l’expirer dans tout le corps.  L’autre tâche a été de prendre le temps de me (re)poser 10 minutes par jour.  « Travail » plus compliqué, en ce qui me concerne, à appliquer au quotidien.

Les dernières tâches assignées l’ont été dans l’objectif de poser des limites.  Dès la première scène du voyage, le message transmis par mon guide chauve-souris est clair : danser, chanter et faire le clown deviendra un rituel de fête à appliquer tous les jours. Ce moment fera la transition entre le boulot et la maison.  

Le rituel d’abandon a été également ajouté par Marie : souffler tristesse/frustration/colère/autre sur une pierre/un morceau de bois et la/le jeter au loin.  Depuis que je les applique, je me sens beaucoup plus calme et apaisée.

Toutes ces petites tâches ponctuent mes journées/semaines.  Je ne les applique pas toutes à chaque fois mais par-ci par-là.  Forcément les nouvelles en priorité pour bien les intégrer…

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Un exemple expliqué de prescription donnée par l’accompagnante: LE RITUEL DU POIVRE

L’arrêt du tabac est l’une des demandes les plus répandues en séance d’hypnose. Comme vous pouvez le lire dans mon article sur les compulsions-addictions, c’est un sujet sur lequel je planche beaucoup.

Lors de sa première séance, un accompagné très motivé à travailler à tous les niveaux pour arrêter de fumer m’a confié que, d’un point de vue physique, la compulsion lui semblait venir de la bouche elle-même, comme si elle exigeait d’être remplie par la fumée et insistait jusqu’à obtenir son dû.

Nous avons d’abord veillé, en première séance à ce qui pouvait être mis en mouvement «dans le fond», dans la transformation des processus habituels (voir l’article. Ici: futurisation, séparation de l’intention positive et de la solution-cigarette, sous-modalités des deux parties, transformation d’un lien, intégration avec sensations dans le ventre).

Restait à gérer cet appel que la bouche n’a pas daigné négocier en transe, lors de cette première séance. L’idée m’est donc venue de proposer à la bouche un rituel à la hauteur de ce goût tant désiré (désiré et en même temps rebutant, car le goût de la clope et la lourdeur de la langue ont souvent un côté attraction-répulsion, en tout cas pour lui c’était le cas).

Prescription de tâche (négociée avec les parties): à chaque exigence de la bouche pour une clope, un grain de poivre sur la langue, sans croquer, en mettant tout le focus sur les sensations. Le rouler, jouer avec, jusqu’à avoir l’impulsion forte de le cracher au loin, l’expulsion étant accompagnée d’une intention claire d’expulsion de la compulsion.

Notez que le poivre de Sichuan fait vibrer les lèvres et les muqueuses. Son emploi est encore différent du poivre noir, rose ou blanc. C’est au choix ?

Essai concluant: « le je » s’amuse de l’observation de la stimulation, la compulsion est oubliée grâce au focus sur les sensations étranges, l’expulsion soulage. Et la bouche est ok avec le procédé transitionnel, qui l’intrigue et la distrait.

C’est une prescription qui a l’air de convenir aux accompagné.e.s intéressé.e.s par les expériences (cette prescription est loin de convenir à tout le monde!).

Dans l’arrêt du tabac, les étapes sont plus ou moins nombreuses et plus ou moins longues Certaines personnes arrêtent en une séance car elles ont bossé en amont par ailleurs mais, souvent, il y a du lourd à nettoyer au fil de quelques séances pour s’émanciper de l’habitude, de la fidélité…

Et comme les transformations, selon mes croyances, passent par le corps (changement de focus sur les sensations, changement de posture, d’appuis, de respiration…), autant le stimuler par une hypnose créative!

La complicité entre « le je » et « ce qui n’est pas ressenti comme je » (un dividu/ego-state, une partie du corps qui appelle la compulsion…) peut ainsi passer par l’accueil, l’écoute, la tendresse, mais aussi par le jeu et la taquinerie douce pour poser des limites et pour ouvrir d’autres stimulations et explorations.

Il suffit d’oser!
Marie Lisel