°°°CREER SA VIE°°° régler un problème, soulager un symptôme, récupérer de l'énergie, lâcher du lest, s'émanciper d'une addiction, transformer le réseau d'influences, activer des ressources, choisir, se libérer, s'épanouir, ressentir, grandir, stimuler, se centrer, changer vers un mieux-vivre '''''CREER SON OEUVRE''''' ouvrir, inspirer, souffler, se laisser embarquer, improviser, écrire, dessiner, composer, danser, jouer, monter, construire, capter, oser, réaliser, proposer, partager, faire oeuvre ***CREER SON MONDE*** parcourir, explorer, plonger, planer, découvrir, étendre ses connaissances sensorielles, tester, examiner, prospecter, étudier par les sens, arpenter, jouer, expérimenter, modeler, moduler, inventer, augmenter, expanser…

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(pour les pro): les limites de l’accompagnant·e

*** TECHNIQUE: LIMITES DE L’ACCOMPAGNANT·E ***

Nos accompagnements ont des limites.

Admettre nos limites théoriques et techniques d’accompagnant·e/thérapeute, reconnaitre nos privilèges et notre positionnement dans le système social (d’où je parle? Dans quelles proportions suis-je informé·e?), éclairer le fonctionnement des zones grises de notre propre système psychique et s’adapter… est primordial pour être en capacités d’accompagner avec sécurité, justesse et justice (c’est à dire sans inégalités) les personnes qui nous font confiance.

Les limites théoriques et techniques

Certains accompagnements demandent des connaissances – et/ou des diplômes. Accepter le suivi des personnes atteintes de troubles comme la schizophrénie, la paranoïa, la maniaco-dépression, l’anorexie, la bipolarité ou souffrant d’addictions sévères quand on est pas praticien·ne à la fois hypno et psychiatre ou en relation directe avec un·e psychiatre est irresponsable. La santé (et la vie!) de nos accompagné·e·s devrait être notre priorité.

A côté de ce point incontournable, l’accompagnement de personnes présentant certaines problématiques mérite aussi une spécialisation. Pour ma part, je note que je ne suis pas formée pour l’endométriose, la gériatrie, la périnatalité, les troubles alimentaires, les enfants, les adolescents, les personnes sourdes, les personnes souffrant de fortes douleurs ou de maladies graves, les personnes traumatisées de guerre/attentats, les personnes traumatisées dans leur travail de police ou d’armée ou de pompier·e et les personnes suivies en couples/polycules.

Jauger son expérience est primordial lorsque l’accompagnement peut nuire. Apprendre à collaborer avec le milieu médical et suivre des formations complémentaires ou non (et donc ne pas accompagner) est un choix. Et aussi une responsabilité.

Le positionnement dans le système social et la connaissance de l’inclusivité

L’aspect inclusif est plus complexe à cerner. Et pourtant, accompagner des personnes faisant partie des minorités (dont l’existence n’est pas dans la norme) demande aussi une spécialisation et appelle aussi à la responsabilité, pour « au moins ne pas nuire ».

La complexité de la vie des personnes dans la normes, plus ou moins privilégié·e·s, est facile d’accès. Nombre de livres, films, articles, plateaux télés, conversations lambdas et autres diners peuvent nous éclairer, car nous sommes immergé·e·s dans la culture dominante depuis l’enfance, ne fût-ce que par les médias.

En revanche, l’éclairage des problématiques de personnes ne faisant pas partie de la norme – et, souvent, subissant les oppressions systémiques – demande un travail. Et ces « spécialisations » ne sont pas (encore) présentées comme telles dans les écoles d’hypnose.

Cela prend du temps et de l’énergie de déconstruire les normes dominantes car elles ne sont pas enseignées comme des cours légitimant une pratique, mais sont présentées comme évidentes, ressenties comme naturelles, « normales ». De ce fait, la plupart des accompagnant.e.s estiment que tout ce qui n’en fait pas partie est un trouble, un syndrome, une déviance, un manque de volonté… Et cette méconnaissance est un souci pour envisager l’autre dans sa complexité, sans projeter, sans pathologiser et surtout sans agresser par « maladresse ».

Pourtant, avec de l’investissement, chacun·e est capable de comprendre a minima ce que vivent les personnes concernées par la transidentité, par la neuroatypie, par le handicap visible ou invisible, par le fait d’être gros·se, par le fait d’être racisé·e, par le polyamour, par une attirance sexuelle et/ou romantique différente, par la précarité, par le fait de ne pas maitriser une langue dominante, de ne pas avoir de papiers… et par plusieurs de ces oppressions dans l’intersectionnel (qui est bien plus compliqué que 1+1).

Encore une fois, c’est un choix et une responsabilité de se rendre capable – ou non – d’accompagner ces personnes minoritaires de façon sécure et de ‘au moins ne pas nuire ».

D’une façon générale, l’on peut notifier aussi que le simple fait d’être perçu·e comme femme pose déjà question dans le relationnel. Et que nombre de micro-agressions – et même d’agressions traumatisantes – sont réalisées « sans le vouloir » en cabinet, par simple habitude d’être baigné·e dans une culture où les hommes hétéros blancs ont davantage de privilèges, y compris ceux d’oppresser, d’agresser sans être inquiétés. Comprendre l’inclusivité, le consentement féministe intersectionnel (bien différent du consentement expliqué par un mec), c’est s’ouvrir à un accompagnement safer. Or, comme c’est un sujet que toustes ont l’impression – à tord! – de connaitre, peu l’envisagent sérieusement.

Dans notre métier, les violences inconscientes sont donc légion. Et c’est de la responsabilité de celleux qui ne veulent pas faire l’effort d’un apprentissage pour l’égalité.

La connaissance des besoins de son propre système

Ensuite, nous avons toustes une histoire, nous avons toustes modélisé des adultes, nous avons toustes développé des stratégies (avec leur lot de croyances)… et donc une façon de réagir émotionnellement aux événements, une façon de nous positionner relationnellement, des scénarios intérieurs… et aussi des valeurs, des désirs, des peurs, des limites inconscientes ou autodéterminées, des déclencheurs de (mini-)régressions, des zones grises…

Bien connaître le fonctionnement de son système psychique – qui est notre outil principal – fait partie de notre travail. Ce fait est souvent énoncé, ce qui ne signifie pas que toustes font leur job de suivre une thérapie et une supervision. Encore trop de praticien·ne·s s’imaginent « sans problème » et donc « sans besoin de thérapie » et projettent à qui mieux mieux et laissent leur sentiment d’illigitimité nuire au rapport et se permettent des interventions à côté de plaques géantes…

Au-delà de ce nécessaire, décider des limites de ce que l’on désir vivre ou non pour se préserver soi est légitime: poser un cadre de travail personnel, le communiquer, le faire respecter et au besoin réorienter fait partie des limites de l’accompagnant·e.

Notre métier est coûteux en énergie. Pourquoi ne pas s’octroyer un certain confort? Pourquoi ignorer la charge mentale d’entendre des propos qui blessent ou de travailler sur une problématique qui rappelle une thématique personnelle encore douloureuse ou de faire des efforts exagérés pour garder son positionnement en rapport avec un·e client·e qui défend des valeurs trop éloignées de nos champs?

Non, rien ne nous oblige à « accompagner tout le monde pareil», nous sommes hypnos, pas médecins. Et nous sommes des milliers, beaucoup trop… chaque client.e pourra donc être reçu.e par un.e collègue. Réorienter n’est pas abandonner à son triste sort.

Encore une fois, nous sommes notre propre outil de travail. Il semble important de veiller à ce qu’il soit en forme: éviter les impacts par le respect du cadre et la transparence sur l’univers dans lequel on vit, se faire suivre soi-même en thérapie, respecter ses propres limites, ne pas se faire violence par des surcharges… pour rester aligné.e, en bonne énergie, dans l’accueil et dans l’écoute, avec le moins possible de courants internes qui parasitent notre travail.

– Progression et remise en question permanente –

Nos formations sont trop courtes et légères pour suffire à accompagner « tout le monde pareil ».

Se remettre continuellement en question, poursuivre ses formations, s’ouvrir à des cartes du monde inconnues, travailler sur et en soi sans cesse c’est juste le minimum.

Pourquoi attendre que la législation décide pour nous ce qu’il est bon de travailler afin d’exercer notre métier?

Pourquoi attendre que les institutions (écoles, syndicats…) édictent à leur bon vouloir des listes de cours obligatoires, facultatifs, ou juste pour les réveillé·e·s…?

Pourquoi attendre le problème de trop?

Saisissons nos choix et nos responsabilités.

Au plaisir d’en reparler ensemble dans le groupe Hypnose Inclusive ou sous un post de réseau social.

Marie Lisel